Parcours atypique : comment se rendre lisible des recruteurs

Parcours atypique : comment se rendre lisible des recruteurs
Pascal Guyot

Publié le 12/06/2025
par Pascal Guyot

Votre parcours sort des sentiers battus : transitions sectorielles, reconversion, expatriation ou reprise d’études ? Ces expériences atypiques peuvent semer le trouble chez des recruteurs ou recruteuses. Elles constituent pourtant une force que vous pouvez mettre au service de votre recherche d’emploi. Mais pour cela, mieux vaut contourner certains écueils et mettre judicieusement ces expériences en valeur. Découvrez les conseils de Pascal Guyot, consultant en développement professionnel à l’Apec de Paris-Vincennes.

Vous ferez face au scepticisme d’une partie des recruteurs et recruteuses

Les parcours professionnels hors des sentiers battus ne sont pas rares chez les cadres. À l’Apec, opérateur national du Conseil en évolution professionnelle, nous aidons régulièrement des candidates et des candidats à les valoriser. Il s’agit majoritairement de personnes déjà fortes d’une vingtaine d’années d’expérience, et généralement en quête de stabilité. J’ai récemment reçu un ancien contrôleur de gestion qui a ensuite tenu un restaurant pendant 5 ans. Il souhaite aujourd’hui revenir au salariat. Nous travaillons ensemble à la manière de valoriser ses expériences sur le marché du travail. 

Mais disons-le d’emblée : si vous êtes un parcours atypique, vous devrez redoubler d’efforts pour convaincre. Objectif numéro 1 : rassurer les recruteuses et recruteurs. Lesquels ne misent pas si facilement sur les profils non conventionnels. En effet, les carrières non linéaires véhiculent encore bon nombre de croyances et d’a priori. Pas stable, pas fiable, infidèle, indécis… Voilà comment vous pourriez être perçu.e. Des expériences de moyenne durée (2 à 3 ans) comme des changements fréquents de secteurs peuvent faire peur. Et il peut s’avérer difficile de se projeter avec vous, notamment si vous n’avez pas le diplôme habituellement requis pour le poste. Votre expérience professionnelle pourra générer des doutes chez les spécialistes du recrutement. Pourquoi est-ce que cette candidate ou ce candidat qui a exercé des postes si différents souhaite nous rejoindre ? Est-ce un choix purement alimentaire ? Ne va-t-il pas nous « lâcher » rapidement s’il trouve mieux ? Le flou qui peut entourer ces candidatures ne profite pas toujours aux candidates et aux candidats. 

Les parcours non conventionnels ont beaucoup à apporter aux entreprises

Pour tout vous dire, j’ai moi aussi un parcours atypique. Après dix ans comme directeur de magasin dans le retail, j’ai voulu me reconvertir dans les RH. J’ai obtenu un master et multiplié les candidatures, mais sans succès. J’étais en quête de solutions, et un consultant de l’Apec m’a aidé à voir les choses autrement : travailler à l’Apec et accompagner des cadres correspondait parfaitement à mes aspirations. Depuis, cela fait trois ans que j’exerce ce métier avec enthousiasme !

Comme pour moi, la diversité de vos expériences constitue une force qui finira par payer. Car vous êtes probablement un véritable couteau suisse, un profil multi-compétences qui a rencontré des situations diverses et a su s’approprier une multitude de connaissances. Parfois même dans des univers culturels très différents. Les cadres avec une évolution professionnelle atypique ont une curiosité débordante, sont agiles, audacieux, innovants, ouverts d’esprit, savent s’adapter. Sortir de sa zone de confort ? Raisonner out of the box ? Aucun souci pour elles et pour eux. J’ai accompagné un candidat qui a créé plusieurs entreprises, l’une dans le domaine de la santé, une autre dans l’alimentaire. Il a finalement trouvé un poste salarié en tant que manager de transition dans un cabinet. 

Preuve que la richesse d’un parcours peut convaincre, à condition de savoir judicieusement l’utiliser.

À l’étape du CV, ne faites pas étalage de toutes vos expériences

Vous le savez probablement, le premier obstacle à franchir est celui des ATS (Applicant Tracking Systems). Ces algorithmes passent au crible votre CV lors du processus de présélection. En tant que profil atypique, la première imprudence serait de faire étalage de toute l’étendue de vos compétences et expériences. N’en faites pas trop ! Au contraire, pour vous, l’effort de personnalisation du CV en totale adéquation avec le poste est encore plus impératif. Évitez de noyer les ATS sous un flot d’informations non ciblées qui vous desserviront.

Pour répondre au maximum aux attentes du poste, identifiez dans votre parcours quelles sont les compétences métiers et les expériences qui correspondent. Placez ce bloc de compétences en haut de votre CV. Dans vos compétences transférables, que pouvez-vous mettre en avant ? Par exemple, une manageuse qui a géré des équipes peut manager dans n’importe quel secteur, pensez-y ! 

J’accompagne actuellement un ancien directeur financier qui souhaite rejoindre une entreprise en tant que guide de voyage. Un grand écart pas si insurmontable. Il sait notamment faire de la gestion humaine, organiser des emplois du temps, gérer les conflits, etc. Autant de compétences utiles en contact avec de la clientèle touristique. En effectuant ce travail d’identification des compétences, vous positionnerez les mots-clés adéquats pour optimiser votre CV pour passer le filtre des ATS.

Et n’oubliez pas d’indiquer un intitulé de fonction clair sur votre CV. Certaines candidates et certains candidats aux multiples expériences ont tendance à ne rien choisir, alors qu’il faut de la clarté sur le poste auquel vous aspirez aujourd’hui. 

Par ailleurs, en particulier si vous faites une candidature spontanée, la lettre de motivation peut être l’occasion d’entrer dans le détail de votre parcours. Commencez d’emblée par une formule sans ambiguïté : « Fort/Forte de ce parcours atypique ». Puis poursuivez en faisant la démonstration de votre légitimité à postuler. Là aussi, en déroulant un argumentaire qui met en exergue les compétences développées dans vos diverses expériences, et qui matchent avec les besoins du poste. Expliquez factuellement en quoi cette diversité vous permettra de répondre à telle ou telle attente de l’entreprise. 

Lorsque l’on a un parcours atypique, il est encore plus important d’être transparent. Si vous êtes en quête de stabilité après avoir pris quelques chemins de traverse, dites-le sans trembler ! 

Lors de l’entretien, pitchez à bon escient

Votre parcours non conventionnel a attiré l’attention d’un recruteur ou d’une recruteuse ? Poursuivez habilement lors de l’entretien. Dans votre pitch de présentation, ne faites surtout pas l’inventaire chronologique de toutes vos nombreuses expériences… au risque de laisser votre interlocuteur en rase campagne. Canalisez-vous, et construisez votre narratif avec un fil rouge. Qu’est-ce qui vous anime ? Quelles sont vos aspirations profondes qui expliquent ces différents changements ? Quelles sont les compétences clés que l’on retrouve à chacune de vos expériences, et qui correspondent au poste visé ? Votre parcours doit mêler cohérence et lisibilité pour lever les doutes des recruteurs.

Essayez par exemple : « J’ai un parcours atypique car je suis guidé.e par ma grande curiosité. J’ai donc eu envie d’exercer plusieurs métiers, qui m’ont apporté des expériences riches et des compétences variées. Si beaucoup de choses m’intéressent, je sais aujourd’hui quelle fonction je veux occuper, et quel type d’entreprise attire mon attention. C’est pour cela que je postule dans la vôtre. ». 

Lors de l’entretien, vous pouvez également cibler ce qui, dans votre expérience, apporterait une forte plus-value à l’entreprise. J’ai, par exemple, accompagné une candidate qui a travaillé en Corée du Sud et a découvert d’autres process métier. Un élément qui a attiré l’attention des entreprises qui l’ont rencontrée. 

Tout comme cette candidate, vous avez assurément de nombreuses cordes à votre arc pour faire la différence… mais sachez cibler.

 

À propos de Pascal Guyot 

Pascal Guyot est consultant en développement professionnel à l’Apec de Paris-Vincennes depuis 2022. Il accompagne jeunes diplômé.es et cadres dans leur recherche d’emploi et leur évolution professionnelle. Avant cela, il a passé vingt-cinq ans dans les secteurs du retail et du commerce, dont dix en tant que directeur de magasin, avant de se reconvertir dans les ressources humaines. Il est diplômé d’un master 2 en gestion des RH.

Voir tous les avis de nos experts