Santé mentale au travail : les cadres et les managers ne sont pas épargnés

Santé mentale au travail : les cadres et les managers ne sont pas épargnés

Publié le 09/10/2025

La santé mentale a été déclarée grande cause nationale pour 2025 et à l'approche de la journée mondiale de la santé mentale le 10 octobre, l'Apec publie une étude où il apparaît qu'un certain nombre de facteurs font des cadres une population davantage à risque.

La pression au travail est un facteur de troubles psychiques, en particulier, chez les cadres

Les cadres sont plus nombreux que les non-cadres à déclarer travailler « toujours » ou « souvent » sous pression. Charge de travail élevée, objectifs chiffrés exigeants, demande de réactivité, horaires plus étendus, etc. Cette pression se traduit aussi par une difficulté à trouver des moments de relâchement durant leur journée de travail. Ils sont de surcroît surexposés aux notifications numériques qui multiplient les interruptions de travail et peuvent être source de stress. Les cadres ont également plus de difficultés à déconnecter en dehors des horaires de travail. Ces conditions génère du mal être au travail et sur la santé psychique des cadres et un tiers d’entre eux déclarent ressentir souvent au moins l’un des sentiments associés à une santé mentale dégradée : stress intense, épuisement professionnel, anxiété, irritabilité ou déprime.

Pourquoi les managers sont les plus concernés par une santé mentale dégradée ? 

Les managers sont parmi les cadres, ceux et celles qui considèrent que le dépassement de soi - qui va de pair avec performance - est inhérent à leur fonction et à leur identité professionnelle.  Cette culture du dépassement de soi s'ancre profondément dans leur conception du leadership et de la réussite professionnelle, créant des attentes fortes envers eux-mêmes et leurs équipes.
L'environnement de travail moderne amplifie cette tendance, où les managers évoluent constamment "entre le marteau et l'enclume", subissant les pressions de leur hiérarchie tout en devant protéger et motiver leur équipe. Cette position inconfortable génère des facteurs de risque psychosociaux significatifs, d'autant plus que le travail participe activement à la construction de leur identité. Une posture professionnelle pouvant les conduire à une détresse psychologique qui peut aller jusqu'à l'épuisement professionnel, notamment lorsque cette quête de performance se heurte aux contraintes organisationnelles et à l'impossibilité d'atteindre les objectifs fixés. Les troubles mentaux qui en résultent touchent ainsi une population qui peine souvent à reconnaître sa propre vulnérabilité, considérant la souffrance psychique comme incompatible avec leur statut de leader et devant restée cachée. 

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Et par le bien-être mental de leur équipe

7 managers sur 10 déclarent être confrontés à des problèmes de santé mentale au sein de leur équipe, que leur origine soit personnelle ou professionnelle. Cela se traduit notamment par des troubles du comportement, des arrêts maladie voire des burn out, qui affectent l’organisation du travail et qui demande au manager de prendre en charge ce sujet_ parmi tant d'autres_ aussi bien en matière de prévention que d’accompagnement. Selon eux, les troubles psychiques des collaborateurs et des collaboratrices constituent un enjeu qui concerne pleinement l’entreprise, que ce soit en amont pour les prévenir ou pour savoir accueillir et manager une personne qui doit se reconstruire professionnellement après un épuisement professionnel. Les managers se perçoivent ainsi comme des acteurs clés de la santé mentale en entreprise.

Des entreprises pas assez actives pour préserver la santé mentale au travail

Les maladies mentales ont longtemps été taboues dans les entreprises, elles ont aujourd'hui pris davantage conscience des risques humains, juridiques et économiques relatifs à la santé mentale de leurs collaborateurs et de leurs collaboratrices et agissent dès lors pour s’en protéger. Certaines ont instauré un véritable maillage sur le sujet entre les différents services (RH, médecine du travail, etc.), facilitant la mobilisation rapide des acteurs compétents en cas de besoin. 
Certaines organisations ont également mis en place des communications et ressources spécifiquement dédiées à cette problématique avec des formations aux premiers secours en santé mentale, par exemple. Si ces efforts sont reconnus par les cadres, les actions menées sont jugées insuffisantes ou inexistantes. Certaines entreprises abordent en effet la question de la santé mentale uniquement sous l’angle du bien-être au travail (aménagement des locaux, activités de relaxation, etc.), sans agir sur les facteurs de risque, et en particulier les conditions de travail.
 
Définition de la santé mentale 
D’après l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la santé mentale correspond à un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté. La santé mentale évolue sur un continuum allant du bien-être psychologique (estime de soi, satisfaction de vivre, etc.) à la détresse psychologique (principalement lié à l’anxiété et la dépression) et aux troubles mentaux.

Article rédigé par Emmanuelle Papiernik 


Source : Apec, Santé mentale chez les cadres et les managers, octobre 2025

Sommaire de l'étude 
•    Les risques liés à la santé mentale se révèlent plus aigus chez les cadres
•    Mais les managers comme les entreprises ont souvent du mal à apporter
des solutions concrètes à ces difficultés
•    Nombre de cadres managers se trouvent eux-mêmes aux prises
avec une santé mentale dégradée
•    L’identité cadre, et a fortiori celle de manager, exacerbe les risques