Santé mentale au travail : levez les tabous !
Anxiété, stress, épuisement professionnel, troubles psychiques : un salarié français sur deux fait face à des difficultés psychologiques*. Les entreprises ont un rôle à jouer pour lever le tabou, et contribuer à la préservation de la santé mentale de leurs collaborateurs et collaboratrices.
Santé mentale en entreprise : de quoi parle-t-on ?
Préserver la santé mentale des équipes est une obligation légale de l'entreprise en vertu du Code du travail**. Par ailleurs, la loi Santé au travail du 2 août 2021 impose aux entreprises davantage de prévention sur ce sujet, dans un environnement dégradé depuis la crise du Covid-19. Selon Santé Publique France, « la santé mentale est déterminée par de nombreux facteurs : socio-économiques, biologiques et environnementaux, dont l’environnement de travail. ». Tout ne relève donc pas du domaine des entreprises. Pourtant une majorité de salarié.es (86 %) les considèrent comme responsable de leur bien-être mental*.
« La prise en compte de la protection de la santé physique et mentale des travailleurs s’est accélérée depuis une vingtaine d’années. La santé mentale est désormais liée aux notions de prévention et de formation pour tous », explique Noémie Guerrin, fondatrice du cabinet de conseil et formation Santé du Dirigeant, œuvrant à l'amélioration de la QVCT et à la prévention des risques psychosociaux (RPS).
L’amélioration de la santé mentale en entreprise se situe à la croisée de plusieurs enjeux : la qualité de vie au travail, leur épanouissement et leur engagement. Elle a également un impact sur la performance globale de l’entreprise***, sur le recrutement, la fidélisation des équipes, la marque employeur, etc. Aujourd’hui, 85 % des salarié·es déclarent que l’amélioration du bien-être mental renforcerait leur fidélité à leur employeur*.
Des solutions pour lever les tabous
Pour sensibiliser et accompagner, les entreprises disposent de leviers :
- Développer les actions de communication interne : avec une newsletter, un réseau social d’entreprise, des ressources documentaires, des journées d’information dédiées, des ateliers.
- Mettre en place une ligne d'écoute psychologique : certaines entreprises donnent accès gratuitement à des lignes d’écoute psychologique pour leurs équipes, comme celle proposée par Pros-Consulte par exemple.
- Mettre à disposition des applications mobiles : de nombreuses start-up se sont positionnées sur le sujet de l’e-santé mentale. Parmi elles, Moka.care permet de réserver une séance avec un ou une thérapeute. L’application propose aussi des workshops à destination des managers et des équipes.
- Former des secouristes en santé mentale, en adhérant au réseau « Premiers secours en santé mentale ». Des formations, comme celles proposées par PSSM France, permettent aux collaborateurs et collaboratrices de devenir secouristes en santé mentale, pour apprendre les bons gestes et les bonnes paroles et avoir les bons réflexes face à une personne dépressive ou faisant une crise d'angoisse sur son lieu de travail.
« Il ne faut pas aller trop vite dans l’acculturation, conseille Noémie Guerrin. Quand on part de zéro, on commence par encourager le développement d’une culture interne plus empathique. Cela peut passer par un webinaire par trimestre sur une thématique de santé mentale. Puis par des cycles de formation. De plus, mener des actions sur le sujet, c’est véritablement valoriser sa marque employeur puisque les collaborateurs vont parler de l’entreprise comme d’un environnement de travail sain et inclusif, qui met en place des politiques et des pratiques favorisant la santé mentale. De cette manière, on réduit également le turn-over et on attire les talents. »
* Selon le baromètre bien-être mental en entreprise Harris Interactive / Alan (premier semestre 2022)
** Articles L4121-1 et suivants
***D’après la Caisse nationale d’Assurance maladie, les troubles psychiques sont en effet la 2e cause d’arrêt de travail dans les entreprises.
Plus globalement, dans une note réalisée en mars 2022, l’Institut Sapiens évalue le coût du mal-être au travail à 13 340 euros par par an pour chaque salarié.e concerné.e.
À propos de Noémie Guerrin
Noémie Guerrin a travaillé́ durant une dizaine d’années dans la prévention et de la protection de la santé des travailleurs non salarié·es pour le groupe Axa, avant de créer en 2021, le cabinet de conseil Santé du Dirigeant, centré sur l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) et la prévention des risques psychosociaux.