Rapport au travail : les jeunes actifs sont-ils vraiment si différents ?

Rapport au travail : les jeunes actifs sont-ils vraiment si différents ?

Publié le 01/02/2024

Beaucoup de choses ont été affirmées sur les générations les plus jeunes qui manifesteraient un désengagement vis-à-vis du travail et une forte volatilité professionnelle. La réalité est tout autre. L’étude qui vient d’être publiée par l’Apec et Terra Nova révèlent que les actifs de moins de 30 ans sont engagés dans leur travail et motivés par leur évolution professionnelle, surtout lorsqu’ils sont cadres. Déconstruction d’un stéréotype.

Des jeunes fortement investis dans leur travail…

Cela en étonnera plus d’un, mais les actifs de moins de 30 ans, qu’ils soient cadres ou non cadres, sont tout autant investis dans leur travail et dans leur entreprise que leurs collègues plus âgés. Si la place faite à son travail dépend peu de l’âge, elle dépend bien davantage de la catégorie socio-professionnelle. Ainsi les cadres du secteur privé – jeunes et moins jeunes – sont plus nombreux que les autres actifs à considérer que leur travail occupe une place importante dans leur vie.

…et qui ne remettent pas fondamentalement en cause l’autorité.

Tout d’abord, ce que démontre cette enquête c’est que les générations les plus jeunes ne sont pas une catégorie homogène : 43 % des jeunes actifs déclarent accepter par principe les décisions de leur hiérarchie et 43 % les appliquer à partir du moment où ils les comprennent, sans nécessairement avoir besoin d’être d’accord. Seul un peu plus d’un jeune sur dix, déclare avoir besoin d’être en phase avec ces décisions émanant de plus haut pour les appliquer et rares sont ceux qui ont de manière systématique du mal avec l’autorité hiérarchique (3 %). Tout au plus peut-on dire que les jeunes expriment un peu plus que leurs aînés le souhait de voir leur manager soigner le dialogue et le partage d’information. C’est plutôt une bonne pratique managériale, non ? Et puis le rejet des hiérarchies établies et du principe d'autorité, n’est pas un phénomène très nouveau, il était déjà au cœur des débat en 1968 !

Des motivations communes aux jeunes comme aux moins jeunes

Tout comme les plus âgés, les jeunes actifs espèrent avant tout trouver un travail rémunérateur, intéressant et qui leur permette de concilier vie personnelle et vie professionnelle. Si ces registres d’attentes sont communs aux différentes classes d’âge, ils peuvent toutefois prendre des formes légèrement différentes selon les moments de la vie professionnelle et de la vie personnelle. Ainsi, les plus jeunes expriment plus fortement leur désir de voir leur rémunération progresser.

Une attente de progression en début de carrière

Les jeunes se démarquent, en revanche, sur un point bien précis, leur désir fort de progresser et de saisir les opportunités qui s’offrent à eux, ce qui prend tout son sens au début de la vie professionnelle. Interrogés sur leurs souhaits pour les mois et années à venir, 89 % expriment le désir de gagner plus d’argent, 80 % de devenir plus autonomes au travail, 69 % d’exercer plus de responsabilités professionnelles et même 50 % de devenir manager pour ceux qui ne le sont pas.

Des chiffres qui battent en brèche pas mal d’idées reçues 

Des idées qui exagèrent le fossé entre les jeunes générations et les précédentes, voire les opposent. Ce qui se traduit in fine par un réflexe où les différences de points de vue ou de comportements sont systématiquement vues comme un problème et non comme une richesse et l’opportunité de changer sa manière de voir le monde du travail. Une compétence pourtant indispensable pour s’adapter face aux évolutions majeures qui sont à l’œuvre (travail hybride, IA générative, TR2E, etc. Et que certains prédisent même comme des bouleversements irrémédiables. 


Source : Apec/Terra Nova, Rapport au travail, février 2024


Article rédigé par Emmanuelle Papiernik