La blockchain va-t-elle révolutionner le recrutement des cadres ?
Largement utilisée dans le secteur de la finance, la blockchain pourrait bien bouleverser également le quotidien des recruteurs. Cette technologie vise déjà à transformer le processus de recrutement en garantissant l’authenticité des CV. Zoom sur une innovation qui pourrait devenir incontournable pour les recruteurs dans les décennies à venir !
La blockchain, qu’est-ce que c’est ?
La blockchain est une technologie de stockage des données décentralisée. Au lieu d'une unique base gérée par un unique propriétaire qui partage les données, les participants du réseau possèdent chacun une copie de la base. Ce caractère décentralisé rend les données vérifiables : impossible pour un utilisateur seul de modifier ou supprimer une donnée sans l’approbation du reste de la chaîne.
Cette technologie de rupture a déjà révolutionné le monde de la finance, avec les cryptomonnaies comme le Bitcoin. Elle devrait également bouleverser tous les secteurs qui nécessitent des informations valides et authentifiées. Et pourquoi pas le monde du recrutement !
Une vérification plus rapide du parcours des candidats et candidates
La blockchain promet ainsi de résoudre une préoccupation récurrente pour les RH : la validité des informations. Diplômes, photos, compétences, références… certains CV enjolivent parfois la réalité. Les recruteurs doivent alors effectuer de nombreuses vérifications chronophages. 64 % d’entre eux effectuent au moins un type de vérification lors du processus de recrutement : demande des diplômes et contrôle de leur authenticité, ou encore appel de références professionnelles. Privilégier le réseau et la cooptation permet aux TPE- PME de limiter ce type d’examen – même si la diffusion d’offres d’emploi reste le canal de sourcing incontournable (81%). La blockchain apporte une réponse à cette problématique.
Grâce à l’enregistrement numérique inaltérable, le parcours du candidat ou de la candidate devient traçable et infalsifiable. La start-up française BCDiploma propose ainsi aux établissements de l’enseignement supérieur d’enregistrer les diplômes des étudiants dans une blockchain afin qu’ils soient consultables par les entreprises. Les employeurs ont ainsi accès via un lien sécurisé au diplôme, sa mention et l’année d’obtention ; le tout certifié par la technologie de la blockchain. On parle de “learn chain”. À la clé : un réel gain de temps dans le processus de vérification du parcours des talents.
Au Royaume-Uni, la start-up APPII imagine d’aller encore plus loin. Avec son application, les cadres peuvent enregistrer leur CV en quelques clics. Des demandes de confirmation de diplômes ou d’expériences sont alors envoyées automatiquement aux institutions mentionnées (écoles et entreprises). Lorsque ces dernières les valident, le CV est enregistré via la blockchain et le candidat ou la candidate n’a ensuite plus qu’à transmettre un QR code aux recruteurs. Un processus de recrutement entièrement digitalisé et 100 % vérifié.
Mais alors, quels sont les freins à ces nouvelles pratiques ?
Les raisons qui freinent ce déploiement tiennent essentiellement à un manque de maturité dans l’usage de cette technologie qui reste encore un concept abstrait et dont le retour sur investissement est, à ce stade, difficile à évaluer pour les entreprises. Comme l’intelligence artificielle, la blockchain peut encore faire peur côté cadres, comme côté recruteurs. L’enregistrement automatique de données personnelles fait émerger des questionnements relatifs à la protection de la vie privée. Et qu’en est-il du droit à l’oubli, alors que la blockchain n’oublie jamais ?
Reste que les entreprises novatrices qui utilisent déjà cette technologie dans le domaine du recrutement ont ouvert la voie et imaginent déjà de nouvelles solutions RH, au-delà du recrutement. Contrats de travail authentifiés, fiches de paie… les possibilités sont (presque) infinies.