Boostez la santé mentale de vos collabs’ grâce au sport !

Boostez la santé mentale de vos collabs’ grâce au sport !

Publié le 12/03/2024

La France a désigné la promotion de l'activité physique comme grande cause nationale pour 2024, Jeux olympiques et paralympiques obligent. Les entreprises ont un rôle important à jouer dans cette dynamique – d’autant qu’en encourageant la pratique sportive au travail, elles améliorent la santé mentale de leurs salarié·es… et donc leur productivité. Tarik Chakor, maître de conférences en sciences de gestion à Aix-Marseille Université, nous explique comment inciter les collaborateurs et collaboratrices à plus d’activité physique et les bénéfices qui en découlent.

Pour favoriser la santé, l’OMS préconise de pratiquer 30 minutes d’activités physiques quotidiennes. En quoi cette pratique a-t-elle aussi un impact essentiel sur le bien-être mental ? 

Tarik Chakor : Le sport a ceci de merveilleux qu’il nous fait du bien à tous les niveaux : au niveau du corps, bien sûr, puisqu’il renforce nos muscles, notre cœur et nos os, nous protège de certains cancers ou de certaines maladies cardiovasculaires par exemple, mais aussi au niveau de notre bien-être mental, puisqu’il nous aide globalement à nous sentir bien. Comment ? En réduisant notre niveau de stress, en nous aidant à mieux dormir, en produisant des endorphines, en canalisant notre énergie, ou en calmant notre anxiété ou nos angoisses. La pratique d’une activité physique régulière joue notamment un rôle capital en matière d’estime de soi, car elle nous permet de mieux connaître notre corps, voire de repousser nos propres limites. Le sport est un excellent guide dans la vie, qui permet de prendre conscience qu’avec de l’effort, de l’endurance et une volonté tenace, nous sommes finalement capables de beaucoup de choses !

 

Plus spécifiquement, dans le monde de l’entreprise, en quoi le fait de pratiquer une activité sportive améliore-t-il la santé mentale des collaborateurs et collaboratrices ? 

En plus des mécanismes généraux que je viens de décrire, et qui agissent évidemment aussi dans le contexte particulier de l’entreprise, je dirais que le fait de pratiquer une activité sportive sur son lieu de travail permet deux choses. D’abord, un profond recentrement sur soi et une prise de recul par rapport aux urgences et aux tâches à accomplir. Qu’il soit pratiqué à midi pendant la pause déjeuner ou le soir après le travail, le sport constitue en effet un moment de « lâcher-prise », où l’on cesse de penser aux dossiers en cours et où l’esprit peut déconnecter. C’est très précieux, car cette respiration nous permet souvent de lever certains blocages, de trouver la solution à certains problèmes, ou tout simplement de remettre certaines idées en place. Il suffit parfois d’une petite course de 5 km pour que les choses s’alignent !

Ensuite, le sport constitue un puissant levier de lien social et d’inclusion. Toutes les disciplines, qu’elles soient collectives ou non, favorisent en effet les échanges et le sentiment d’appartenir à une communauté. Participer à un cours de yoga ou de fitness avec ses collègues, courir un semi-marathon avec un dossard aux couleurs de son entreprise, jouer au foot avec son ou sa cheffe… Toutes ces pratiques contribuent à resserrer les liens, à améliorer l’ambiance de travail, à désamorcer d’éventuelles tensions et finalement, à faire en sorte que tout le monde se sente bien au travail. 

 

Pourtant, la pratique d’activités physiques au travail véhicule aussi souvent un esprit de compétition, une valorisation de la performance… qui peut devenir alors source de stress et de complexe ?

Effectivement, il est important de veiller à ce que le sport ne représente pas un stress supplémentaire. Ce n’est pas le but et ce serait contreproductif en matière de santé mentale. De la même manière, il faut éviter de tomber dans le piège de la « dictature du sport », où celui ou celle qui n’a pas envie de pratiquer une activité physique au sein de l’entreprise est stigmatisée par ses collègues ou pénalisée par ses managers. Certaines personnes n’aiment pas le sport. D’autres l’aiment… mais préfèrent le pratiquer hors de l’entreprise, pour se sentir plus à l’aise, et ne pas mélanger vie personnelle et vie professionnelle. Tous les cas de figure sont possibles et le rôle de l’entreprise est de rester à l’écoute pour mettre en place des pratiques respectueuses des besoins et des envies de chacun et chacune.

 

Justement, quels conseils peut-on donner à une entreprise qui n’a jamais mis en place d’action visant à encourager la pratique d’une activité physique  ? Par quoi commencer ? Quelles étapes suivre ? 

La règle d’or, c’est vraiment la coconstruction. Pour que le projet fonctionne, il faut le définir avec les salarié.es : demander quelles sont leurs activités physiques préférées ou souhaitées, à quelle fréquence et à quels moments de la journée leur pratique est-elle envisagée, entre collègues ou individuellement, à quel coût, etc. Toutes ces questions sont fondamentales pour concevoir un projet adapté et fédérateur sur le long terme. Aussi évident que cela puisse paraître, il est inutile d’embaucher un ou une  professeur de fitness si vos collaborateurs et collaboratrices ne jurent que par les sports de combat ou la course à pied en extérieur ! Il n’y a pas de « recette miracle » dans la mise en place du sport en entreprise : la clé, c’est de bien écouter les attentes de tout le monde pour viser juste.

Ensuite, il est important d’inscrire son action « sport » dans le cadre plus global d’une politique de santé au travail. L’activité physique ne doit pas être pensée en vase clos : elle est l’une des déclinaisons d’une stratégie générale visant à protéger la santé physique et mentale de tous et toutes. Avant de se lancer, il est donc primordial de se demander ce que l’on attend exactement d’une stratégie sport dans son entreprise, et comment ces actions vont s’articuler aux initiatives déjà existantes.

Enfin, quelles que soient les actions mises en place, il faut être capable de mesurer leur impact sur la santé mentale des équipes : questionnaires, données de suivi de la performance, entretiens… Je conseille aux entreprises de définir ces outils d’évaluation pour bien connaître les bénéfices réels de leurs initiatives, et éventuellement les faire évoluer. 

 

Quels sont les grands types de solutions qu’une entreprise peut aujourd’hui proposer pour booster l’activité physique ?

Les actions mises en œuvre dépendent du contexte de chaque entreprise, de ses moyens, de ses marges de manœuvre, de ses objectifs. Si l’on est une très petite entreprise, sans budget conséquent, on pourra commencer par des choses très simples : 

  • Allonger la pause déjeuner pour permettre de pratiquer une activité physique entre midi et deux sans compromettre des responsabilités professionnelles. 
  • Créer des clubs de courses à pied, de yoga, de marche rapide… ou de ping-pong.
  • Ou bien encourager les mobilités douces, comme le vélo ou la marche, en proposant des installations de stationnement pour les vélos. 

Pour aller un peu plus loin, les entreprises ont un éventail assez large d’actions à mettre en place : 

  • Mettre à disposition des espaces dédiés au sport dans leurs locaux. 
  • Missionner des coachs sportifs pour des cours de yoga, de fitness, etc.
  • Subventionner des abonnements dans des salles de sport à proximité des bureaux.
  • S’appuyer sur la technologie, et notamment les applications de certaines happy tech.
  • Organiser des événements sportifs internes, des tournois ou des compétitions amicales entre les équipes pour promouvoir la camaraderie et l'activité physique. Je pense par exemple à Danone et sa « Danoners World Cup » (une compétition de football interne pour les employé.es Danone du monde entier), Otis et son raid d’entreprise, Deloitte et son « Derby »…
  • Proposer des programmes de bien-être holistique, intégrant des conseils en nutrition et des séances de méditation, afin de promouvoir la santé globale.

On le voit, le champ des possibles est très large, et il existe mille et une façons d’encourager des collaborateurs et collaboratrices à pratiquer une activité physique. Que l’on soit un grand groupe ou une TPE, il existe forcément une formule adaptée à son budget et aux attentes. Alors, plus d’excuses : entreprises, c’est à vous de jouer !

 


À propos de Tarik Chakor : 
Tarik Chakor est un maître de conférences en Sciences de Gestion à Aix-Marseille Université. Son travail se concentre sur deux domaines principaux : la gestion de la santé au travail et le hip-hop management. Dans le domaine de la santé au travail, il travaille sur les risques psychosociaux (RPS), la qualité de vie au travail (QVT), le burn-out, la conciliation entre travail et vie personnelle, les difficultés rencontrées, le travail à distance et le droit à la déconnexion. 
 

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