Vous former aux compétences vertes ? Préparez un plan d’action pour convaincre votre hiérarchie !

Vous former aux compétences vertes ? Préparez un plan d’action pour convaincre votre hiérarchie !
Sophie Lecharny

Publié le 29/09/2025
par Sophie Lecharny

Vous éprouvez le besoin de renforcer vos missions avec des compétences liées à la transition écologique ? Et si vous preniez la main pour embarquer votre hiérarchie ? Les expertes et experts Apec du CEP (Conseil en évolution professionnelle) peuvent vous aider à structurer votre démarche et à faire mouche auprès de votre manager ou votre responsable RH. Décryptage avec Sophie Lecharny, consultante en évolution professionnelle au centre Apec d’Aix-en-Provence.

Lorsque je me suis penchée sur l’étude Elabe – Unédic, « Le travail en transitions » (avril 2023), ses conclusions ne m’ont pas vraiment surprise. 54 % des cadres considèrent que leur métier ne contribue pas positivement à la transition écologique et 60 % des cadres estiment que le niveau de compétences des actifs n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques. Je reconnais dans ces chiffres les préoccupations des personnes que nous accompagnons via le CEP (Conseil en évolution professionnelle). Lorsque vous sollicitez ce type de service pour faire évoluer votre métier vers des pratiques plus responsables et durables, vous avez sans doute une idée en tête : comment contribuer à améliorer l’impact environnemental de votre activité ? Un projet que vous devez parfois initier seul ou seule avant de mettre le sujet sur la table avec votre hiérarchie.

Les compétences vertes, de quoi parle-t-on vraiment ?

Tout d’abord, qu’entendons-nous par « compétences vertes » ? Il s’agit de l’ensemble des connaissances réglementaires, techniques, des expertises et aptitudes qui permettent d’intégrer efficacement les technologies et processus verts dans le cadre des métiers, et de faciliter la prise de décisions écologiquement durables au travail.

Dans bien des secteurs, l’acquisition de pratiques métiers plus durables concernent trois moments clés : 
-    l’amont (c’est-à-dire les achats, la conception), 
-    la production en elle-même 
-    et l’aval (la gestion des déchets). 

Dans l’industrie, cela se traduit notamment par les économies énergétiques réalisées dans la chaîne de production, puis par le souci de la gestion des déchets. De son côté, un ingénieur ou une ingénieure R&D trouvera des process et des méthodes qui tendent vers plus de sobriété énergétique. Dans le BTP, l’accent sera mis sur l’achat de matériaux biosourcés, puis dans les process de recyclage. La notion d’achat local et responsable, de choix des fournisseurs, des emballages, etc., sera prégnante dans les secteurs du commerce et du business development. (Lire notre article sur L’impact de la transition écologique sur les métiers de l’ingénierie automobile).

L’informatique n’échappe pas au verdissement. Vous pouvez alors vous former au développement de sites web et de logiciels écoconçus, à la maintenance des infrastructures et au choix des équipements selon des critères durables…

De leur côté, les métiers de la comptabilité, de la finance et de la qualité ont un fort besoin de montée en compétences sur les normes et les réglementations en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), d’indicateurs, et de rédaction de bilans extrafinanciers (comme le bilan carbone). 

Verdir son poste : important pour aujourd'hui et… pour demain ! 

Vous avez peut-être le sentiment que votre métier doit évoluer. Nombre de cadres que nous accompagnons avec le CEP partagent cette prise de conscience. 

J’ai dernièrement accompagné une cadre RH qui a suivi un DU RSE (diplôme universitaire). Sa première motivation ? Un fort besoin d’épanouissement dans son travail, d’adéquation à ses valeurs, qu’elle a d’ailleurs ensuite ressentis. Pour d’autres cadres, il s’agit de rester à la page sur les sujets environnementaux inhérents à leur poste. J’ai ainsi aidé une directrice administrative et financière (DAF) à se former à la directive européenne de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui définit un nouveau référentiel de reporting des informations environnementales, sociales et de gouvernance par les entreprises. J’ai aussi en tête une responsable qualité qui s’est formée à la norme ISO 26000, cadre de référence pour structurer la démarche RSE des entreprises. 

Au-delà du sens et de l’épanouissement, renforcer vos compétences vertes contribue également à maintenir votre employabilité dans un marché changeant. À l’avenir, vous pourrez valoriser cette nouvelle expertise en transition écologique auprès des recruteurs et du top management. (Lire aussi l'article Et si vous ajoutiez une compétence environnementale à votre métier ?)

Comment structurer votre démarche avec les consultant.es Apec du CEP ?

Vous pouvez avoir toutes les motivations du monde pour enrichir votre CV de compétences vertes, votre entreprise n’est pas toujours là pour vous accompagner... en tout cas au début ! C’est ici que les consultantes et consultants du CEP (service gratuit de l’Apec) peuvent intervenir.  En effet, les expert.es du CEP sont formé.es au développement des compétences environnementales. Elles et ils identifient avec vous les thématiques les plus porteuses pour votre poste et votre secteur, et vous orientent vers des formations adaptées grâce à une base de données très riche. Nos spécialistes peuvent également vous conseiller sur les fonds de formation précis à solliciter selon votre territoire.

Pour bien structurer votre démarche, il convient de mettre en évidence la culture d’entreprise et l’environnement dans lequel vous évoluez. Évaluer le niveau de maturité de votre entreprise sur les sujets de la RSE et de la transition écologique est essentiel, tout comme le fait de tenir compte d’éventuels blocages. 

Grâce à ces précieux indices, vous pourrez, avec l’aide des consultantes et consultants, construire une stratégie adaptée. Selon que votre entreprise soit prête ou non à mettre la main à la poche pour vous former, il sera également essentiel d’identifier les modes de financement envisageables et les conditions d’éligibilité. Plusieurs possibilités existent : 
-    mobiliser votre CPF, 
-    solliciter les fonds de votre Opco (Organisme paritaire collecteur agréé), 
-    s’orienter vers un Plan de développement des compétences, 
-    monter un dossier PTP (projet de transition professionnelle) vous permettant aussi de vous absenter le temps d’une formation, etc.

Avoir plusieurs scénarios à proposer

L’idéal ? Concevoir plusieurs scénarios à détailler au moment des discussions avec votre hiérarchie. Des scénarios proposant différentes formations, de différentes durées et à des coûts divers. Nous vous aiderons à construire leur argumentaire et à le formuler. La notion de préparation est fondamentale. Et c’est d’abord face à nous que vous testerez ces différents scénarios, avant de les présenter en interne. Pour qu’une entreprise prenne ses responsabilités et décide, elle doit se projeter dans du concret. 

Avec le CEP, nous disposons d’une boîte à outils que nous utilisons au cas par cas en fonction de vos besoins, de vos motivations et du profil de votre entreprise. Il n’y a pas de mode d’emploi standard. 

Quand et comment en parler pour convaincre votre manager ?

Les cadres me demandent souvent quel est le moment opportun pour présenter leur projet. Lors de l’entretien annuel, ou lors de l’entretien professionnel ? 

L'entretien annuel évalue la performance et les objectifs d'un salarié ou d’une salariée sur l'année écoulée, et projette ceux de l’année suivante. L'entretien professionnel, lui, porte sur les perspectives d'évolution et l’employabilité. Là encore, il n’y a pas de règle. Si les objectifs fixés induisent un besoin de formation, cela pourra être évoqué lors de l’entretien annuel, et pas nécessairement lors de l’entretien professionnel. C’est bien grâce à vos échanges avec un ou une consultante du CEP que vous établirez le meilleur moment pour parler à votre manager ou aux RH. 

En revanche, quel que soit le timing retenu, ayez en tête qu’obtenir gain de cause sera peut-être plus simple que vous l’imaginez. D’abord, mettez en avant certains bénéfices pour votre entreprise comme :

  • L’amélioration de la marque employeur, 
  • La fidélisation des collaborateurs grâce aux montées en compétences,
  • Le meilleur positionnement sur certains appels d’offres
  • Les économies financières réalisées sur les coûts de production ou la consommation des fluides.

Et surtout, osez partager vos envies, car votre entreprise pourrait être moins réfractaire que vous le pensez ! En effet, votre responsabilité de cadre est d’être capable de vous mobiliser sur un projet. Au fond, pour des cadres à la tête bien faite, le plus complexe n’est pas l’acquisition de nouvelles compétences. L’enjeu est de maintenir un niveau d’engagement et de motivation sur la durée, grâce à de nouvelles missions qui font sens. C’est le principal bénéfice pour l’entreprise, puisqu’il s’agit d’un fort gage de performance de ses cadres. Voilà ce que vous lui apportez sur un plateau. 


À propos de l’auteure
Sophie Lecharny est consultante en évolution professionnelle au centre Apec d’Aix-en-Provence. Depuis 2017, elle y accompagne des cadres en poste dans leur projet d’évolution, et des demandeurs et demandeuses d’emploi dans leur stratégie de recherche. Avant de rejoindre l’Apec, elle a occupé plusieurs postes dans les RH, le recrutement, la formation et la gestion des carrières, dans des entreprises, des collectivités et des Opco (opérateurs de compétences). Elle est par ailleurs référente pour la veille sur les sujets de la transition écologique pour la délégation régionale Paca & Corse de l’Apec.
 

 

 

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