Recrutement : aller au-delà du diplôme pour miser sur les compétences
En tant que recruteur ou recruteuse, votre priorité est de repérer les meilleurs profils. Mais élargissez-vous suffisamment votre recherche ? Les diplômes en lettres et sciences humaines (LSH) sont souvent considérés comme moins professionnalisants, alors qu’une étude de l’Apec montre que leurs titulaires s’intègrent presque aussi bien que les autres profils. Pourtant, ces talents accèdent plus rarement à des postes de cadre, et leurs conditions d’emploi restent souvent moins favorables. Comment, en tant qu’employeur, mieux valoriser les compétences issues de ces formations, et dépasser le simple critère du diplôme ?
Une insertion réelle mais des inégalités persistantes
Les diplômées et diplômés en lettres et sciences humaines (LSH) trouvent un emploi presque aussi rapidement que leurs homologues d’autres disciplines : dans cette filière, 81 % des Bac +5 trouvent un emploi un an après leur diplôme, un taux comparable à celui des filières scientifiques ou économiques. Mais elles et ils font face à une insertion plus fragile. Leur recherche d’emploi est souvent plus longue, et perçue comme difficile : 77 % d’entre eux déclarent avoir eu du mal à trouver un premier poste, contre 62 % des diplômés en droit-économie-gestion.
Cette situation s’explique en partie par des projets professionnels moins structurés, souvent formulés tardivement – beaucoup attendent la soutenance du mémoire pour commencer à chercher un emploi. Elle reflète aussi une méconnaissance du marché du travail et des métiers accessibles avec ces formation.
Pourtant, les diplômés et diplômées en LSH disposent d’atouts solides. Leur parcours les a formé.es à l’autonomie, à la ténacité et à l’adaptabilité. Ils et elles maîtrisent la communication écrite et orale, savent analyser, synthétiser, structurer une argumentation. Autant de qualités précieuses dans des organisations où la complexité des situations et la transversalité des projets imposent une réflexion globale.
Miser sur des compétences transversales de plus en plus recherchées
L’étude de l’Apec « Bac +5 en lettres et sciences humaines » souligne que les personnes diplômées en LSH ne souffrent pas d’un déficit de compétences, mais d’un défaut de reconnaissance. Leurs savoirs sont généralistes, mais leur potentiel d’adaptation et leur capacité à apprendre en font des collaborateurs et des collaboratrices de choix, notamment dans des fonctions en communication, ressources humaines, formation, conseil, marketing de contenu ou gestion de projet. Dans un marché du travail marqué par les mutations technologiques, la montée en puissance des soft skills et l’importance croissante de l’intelligence émotionnelle, ces profils deviennent particulièrement pertinents. « Réussir, c’est apprendre à vendre sa formation et non son titre », rappelle une responsable recrutement citée dans l’étude.
Pour vous, recruteurs et recruteuses, aller au-delà du diplôme, c’est donc identifier ce que les parcours en lettres et sciences humaines peuvent apporter de singulier : une culture large, une pensée critique indispensable avec le développement de l’IA, une aptitude à mettre en perspective les enjeux économiques, sociaux ou éthiques. Et ce sont des qualités qui font la différence dans un environnement de travail en mutation.
Repenser vos pratiques de recrutement pour élargir votre vivier de talents
Les diplômé.es en lettres et sciences humaines ne rentrent pas toujours dans les cases traditionnelles, mais ils et elles peuvent devenir de véritables atouts pour vos équipes — à condition de savoir lire leur potentiel autrement. Voici quelques conseils pour vous aider à « lire entre les lignes » et ouvrir votre vivier de talents.
Ne vous arrêtez pas au parcours académique.
Derrière un master en philosophie, histoire ou communication, il y a souvent des expériences variées : projets collectifs, mémoire de recherche, engagement associatif, alternance, etc. Autant de situations qui révèlent la rigueur, la curiosité, et la capacité d’analyse du candidat ou de la candidate.
Lors de l’entretien, explorez les compétences transversales.
Invitez la personne à illustrer concrètement sa capacité à résoudre un problème, à synthétiser des informations complexes, ou à gérer un projet dans des contextes nouveaux. Évaluez la motivation, la curiosité intellectuelle, et la cohérence entre ses valeurs et la culture de votre entreprise : ce sont souvent d’excellents prédicteurs de performance durable.
Testez les compétences plutôt que de les présumer.
Les méthodes de recrutement par compétences – mises en situation professionnelle, études de cas, tests de raisonnement ou de communication – permettent d’objectiver votre évaluation, et de révéler des profils que le seul CV ne mettrait pas en avant. Pour concevoir rapidement des mises en situation et évaluer concrètement les compétences des candidates et candidats, l’Apec a développé Osim. Avec l’aide de l’IA, cette solution digitale permet de limiter les erreurs de recrutement en observant les réactions des candidats dans des scénarios proches du terrain, et de diversifier les profils retenus en valorisant des parcours variés et des compétences réelles, au-delà du seul CV.
Enfin, valorisez la diversité des parcours au sein de vos équipes.
Les diplômé.es en lettres et sciences humaines apportent un regard différent sur les enjeux économiques, humains et sociétaux. Leur intégration contribue à renforcer la créativité collective, la compréhension des publics, et la qualité du dialogue dans vos organisations.
Les diplômées et diplômés en lettres et sciences humaines ne manquent pas de compétences, mais de reconnaissance. Dans un monde du travail où la créativité, la réflexion critique et la capacité d’adaptation deviennent essentielles, il est temps de réévaluer ces parcours. Miser sur les compétences plutôt que sur les seuls diplômes, c’est élargir votre horizon de recrutement – et faire entrer dans l’entreprise des talents qui, justement, savent penser autrement.