Recrutement en alternance : les stratégies efficaces pour un choix optimal

Recrutement en alternance : les stratégies efficaces pour un choix optimal

Publié le 24/03/2025

Depuis le 24 février 2025, l'aide unique de 6 000 euros pour l'embauche d'une ou d’un alternant a disparu, remplacée par de nouveaux montants : 5 000 euros pour les entreprises de moins de 250 salarié.es, et 2 000 euros pour celles de 250 salarié.es ou plus. Cette réduction pourrait décourager certains employeurs et diminuer les offres d'alternance. En revanche, les entreprises qui maintiendront leurs recrutements pourraient faire face à un afflux de candidatures, compliquant la sélection. Comment, alors, identifier la candidate ou le candidat idéal ? Découvrez les stratégies et les critères essentiels pour un recrutement efficace, adapté à vos besoins.

Trouver un alternant : quel challenge ! 

Pour l’heure, Audrey Barlet, directrice projets RPO (Recruitment Process Outsourcing) chez Talent Solutions (ManpowerGroup), qui source et recrute des alternant.es pour de grands groupes français, ne voit pas encore le volume des offres se tarir. « Les entreprises considèrent toujours l’alternance comme un pré-recrutement pour se constituer un vivier de talents », note-t-elle. Elles apprécient également le vent de dynamisme et de nouveauté qu’un alternant ou une alternante peut faire souffler dans les équipes. 

Ces avantages n’occultent pourtant pas le défi que représente cette quête. En effet, le matching entre un candidat ou une candidate, et une entreprise est tout sauf évident. Selon l’étude 2024 de l'Observatoire de l'alternance, 44 % des candidats à l’alternance disent rencontrer des difficultés à trouver une entreprise, tandis que 50 % des entreprises déclarent avoir du mal à trouver le candidat adéquat. 

Pour elles, la responsabilité serait même plus importante que lors d’un recrutement classique en CDD ou CDI. « Il s’agit d’un engagement plus fort pour les employeurs, confirme Audrey Barlet. L’enjeu pour un alternant est d’aller au bout de son alternance. Si l’expérience se passe mal avec l’entreprise, cela peut remettre en cause ses études ». La phase du sourcing n’en est que plus capitale. Gardez cependant en tête – comme l’indique l’experte en recrutement – que « dans l’absolu, il n’y a pas de bon ou de mauvais candidat, il y a un bon candidat pour votre entreprise ! ».

Sélectionner les premières informations grâce au CV

« Par définition, un alternant ou une alternante n’a pas ou peu d’expériences et de compétences à mettre en avant. Le CV ne comporte donc que peu de critères éclairants pour l’entreprise », précise Audrey Barlet. Il en existe pourtant quelques-uns qui aident à opérer une première sélection. Parmi eux, le rythme de l'alternance. Un mois sur deux, une semaine sur deux, ou plusieurs jours par semaine ? « Le rythme varie énormément selon les écoles, c’est donc une information à prendre en compte si l’activité de l’entreprise requiert une présence spécifique », conseille Audrey Barlet.

Le parcours de formation est également à passer à la loupe. Les sujets étudiés en cours sont-ils majoritairement couverts par l’entreprise ? « Il faut que les différents modules fassent vraiment écho aux savoir-faire de l’entreprise », complète la directrice projets RPO de Talent Solutions. Si elle s’avère indispensable, la maîtrise d’une langue étrangère constitue également un critère à apprécier.

À l’étape de l’entretien, déceler les écarts entre les attentes des deux parties

« Recruter un alternant ou une alternante sur CV, c’est mission impossible ! C’est bien l’entretien qui fait la différence », assure Audrey Barlet. Habituée à recruter pour le compte de ses clients, elle commence invariablement par sonder les attentes des postulant.es lors de l’entretien. Objectif de ces questions ouvertes : déceler les écarts entre les deux parties. 

Par exemple, s’il est important pour le candidat d’avoir beaucoup d’autonomie, s’il souhaite rapidement être intégré au volet stratégique des projets mais que cela ne correspond pas aux usages de l’entreprise, cela peut constituer un frein. 

« Lors de l’entretien, on entre dans le concret des futures missions, précise la directrice projets RPO. Si un étudiant ou une étudiante a besoin de travailler dans le domaine des achats produits, mais que l’entreprise réalise des achats de prestations et de services, les processus ne sont pas les mêmes. ». 

L’alternant.e souhaite évoluer dans un contexte très innovant (où l’IA et la data ont la part belle), ou opérer sur certains outils métiers spécifiques, alors que l’entreprise n’en est pas encore là ? Voilà un indice que tous deux ne sont peut-être pas faits l’un pour l’autre. 

« En posant de nombreuses questions, l’entreprise doit établir si l’environnement global dans lequel va s’intégrer la candidate ou le candidat peut lui convenir », poursuit l’experte. La taille des équipes et la présence d’autres alternants sont-elles importantes pour lui ? Les horaires et l’emplacement géographique de l’entreprise sont-ils compatibles avec ses contraintes ? Si l’entreprise requiert un certain formalisme, est-ce un souci ?  « L’enjeu est d’éviter les déceptions », estime Audrey Barlet. 

Et le savoir-être dans tout ça ?

Les entreprises recherchent des personnalités et sont friandes des soft skills. Des points d’autant plus prépondérants s’agissant de personnes sans expérience professionnelle ou presque. Mais comment se faire une idée lors de l’entretien ? 

Est-ce que l’alternante ou l’alternant pose des questions ? S’intéresse-t-il à l’entreprise, à ses projets ? A-t-il une bonne connaissance de son activité, signe qu’il a bûché ? La curiosité est une valeur cardinale ! 

« Nous pouvons aussi l’interroger sur un cas concret, lui demander qu’il nous raconte un exposé, un projet d’école, et comment il s’est comporté, le rôle qu’il a joué. Cela donne des indications sur son mode de fonctionnement », complète Audrey Barlet. De quoi obtenir de précieux éléments sur son leadership, sa manière de s’affirmer et de travailler en équipe. 

Un recrutement réussi est un recrutement qui dure

Une fois le recrutement effectué et les démarches administratives réalisées, pour l’entreprise commence la phase concrète de l’accompagnement. De sa qualité dépend la pérennité de la relation. 

« Le besoin d’apprendre, l’entreprise doit y consacrer du temps », rappelle Audrey Barlet. L’importance des feedbacks est prépondérante tout au long du parcours d’alternance. « Il faut être à l’écoute, faire des retours d’expérience réguliers sur les acquis et les non-acquis dans une logique d’amélioration continue », poursuit l’experte. Le tout, dans une démarche constructive et bienveillante.
 

 

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