Comment annoncer sa démission à son employeur ?

Annoncer son départ à son employeur est souvent une étape délicate à franchir. Ce moment peut être teinté de culpabilité envers vos collègues et votre entreprise, voire susciter la crainte de la réaction de votre employeur. Cette démarche est également souvent accompagnée par l'incertitude de ce qui vous attend, et par un besoin de sécurité. Le lien contractuel qui vous lie à votre employeur peut être vécu de façon très personnelle. S'il n'y a pas nécessairement de moment idéal pour donner sa démission, Sonia Houtarde – consultante en développement professionnel, au centre Apec de Paris-République.
L'annoncer de vive voix
Il n’y a pas une seule manière de préparer son départ de l’entreprise. Certaines personnes peuvent chercher de façon transparente des mobilités en interne comme en externe, et choisir de partager la situation avec leur manager. D’autres peuvent chercher de manière plus discrète, et choisir de partir après avoir trouvé un autre emploi.
Quelle que soit votre façon de faire, il est préférable de prendre rendez-vous avec votre supérieur hiérarchique direct pour ouvrir la discussion avant d'envoyer ou de remettre votre lettre de démission. Votre manager est la première personne concernée par votre départ. Il peut aussi être utile de vous accorder avec lui ou elle sur la façon de partager la nouvelle avec le reste de l'équipe. Selon la nature de vos relations, il est également possible de prévenir les RH dans un premier temps.
Tâchez de prévoir un temps suffisamment long pour échanger et bien expliquer votre décision. Cette discussion peut vous amener à négocier d’autres conditions pour votre départ, comme une rupture conventionnelle (cette procédure résulte d’un accord entre l’employeur et le salarié, et permet notamment au salarié de bénéficier des allocations chômage) ou comme la durée du préavis à accomplir, qui doit être indiquée dans votre lettre.
Une fois l’annonce faite, la procédure est également importante. Une démission reste une rupture officielle. Une lettre de démission n'est pas légalement obligatoire, mais elle est recommandée pour garder une trace et prendre date. Quelques lignes suffisent. Il n’est d’ailleurs pas obligatoire d'indiquer le motif de son départ. Vous pouvez la remettre en main propre (l'employeur doit la dater et la signer le jour de la réception, en deux fois pour que vous gardiez un exemplaire), ou l'envoyer en recommandé ou par mail avec accusé de réception.
Expliquer sa décision sans se justifier
Un employeur ne peut pas refuser une démission si vous êtes en CDI, c'est un droit. Sans donner trop de détails, quelques éléments d'explication sont cependant les bienvenus. N’hésitez pas à montrer que votre décision est cohérente avec vos envies personnelles ou professionnelles, qu’il s’agisse de relever de nouveaux challenges, du désir de manager, ou de l’impossibilité d’évoluer sur les postes qui vous intéressent au sein de l’entreprise.
S’en tenir aux faits permet de se rassurer quand l’émotion affleure, mais aussi d’éviter toute forme de règlement de compte. Exprimer ce qui vous a conduit à annoncer votre démission de façon constructive peut aider votre employeur à s’améliorer. Enfin, prendre le temps de partager votre reconnaissance, de lister ce que vous avez appris, ce que l’entreprise vous a apporté, peut être précieux au moment de partir et de regarder dans le rétroviseur. Certaines entreprises proposent même de mener des exit interviews, des entretiens de départ/offboarding avec les salariées et salariés qui quittent l’entreprise, pour mieux comprendre les raisons du départ dans une démarche d’amélioration continue.
Si vous êtes manager, il est important de gérer l'annonce à votre équipe. Coordonnez-vous avec votre hiérarchie sur le moment et la manière. Privilégiez une annonce en personne à vos collaboratrices et collaborateurs directs.Rassurez l'équipe sur la continuité des projets.
Préparer un plan de transition
Entre le moment où vous donnez votre préavis de démission et le jour de votre départ, 1 à 3 mois peuvent s’écouler pendant lesquels vous allez continuer à venir au bureau. Montrez à votre manager que vous êtes prêt ou prête à préparer la transition avec professionnalisme, et à rester investi jusqu'au bout. Poser des objectifs sur les dossiers à terminer, et ceux sur lesquels assurer une passation, ou former la personne qui vous remplace sont des éléments qui peuvent faire l’objet d’une négociation avec votre employeur pour réduire votre période de préavis. Vous ménager a minima une semaine de respiration entre deux postes est vraiment préférable.
N’hésitez pas à vous fixer des objectifs personnels : que souhaitez-vous avoir accompli avant de quitter votre entreprise ? Qu’il s’agisse d’un projet à mener à bien ou d’un contrat à décrocher, partir avec la sensation du travail accompli, en ne laissant personne dans l’embarras, est aussi important pour vous que pour votre employeur.
Le réseau est primordial dans une carrière. Partir sur une bonne note est le meilleur moyen pour que votre ancien employeur vous recommande. Prenez le temps de dire au revoir, et d'adresser un message personnalisé aux collègues dont vous êtes proches, et à celles et ceux qui vous ont aidé dans votre parcours. Après tout, vous n’aurez qu’une seule occasion de faire une bonne dernière impression.
À propos de l’auteure
Sonia Houtarde est consultante en développement professionnel à l’Apec. Psychologue du travail, coach certifiée, elle a travaillé plus de 10 ans en tant que responsable RH dans un contexte international. À l'Apec, elle accompagne les cadres à chaque moment clé de leur vie professionnelle : premier emploi, transition professionnelle, reconversion, recherche d'emploi, mobilité, formation, création d'entreprise, prise de poste, questionnements. Elle les aide à (re)devenir acteurs et actrices de leur carrière et à atteindre leurs objectifs professionnels. Son métier selon elle : catalyseur des changements professionnels !