Ces cadres qui passent du secteur public au privé
Qu’est-ce qui motive les cadres à quitter le secteur public afin de travailler dans le privé ? Une étude de l’Apec auprès de cadres ayant sauté le pas apporte un éclairage sur leurs motivations et les conditions de cette mobilité professionnelle qui reste peu fréquente.
Qu’est-ce qui poussent les cadres à quitter le public pour le privé ?
Dans la culture française, ces deux mondes sont souvent opposés voire antagonistes. Les cadres du public seraient motivés par l'intérêt général et ceux du privé par la rentabilité. Chaque année des cadres décident de rejoindre le camp de la rentabilité souvent en butte à des frustrations liées aux conditions de travail et à la lourdeur administrative rendant difficile l’exercice de leurs missions d’intérêt général qui est pourtant au cœur de leur engagement dans le service public. En quelque sorte, ils jettent l'éponge devant la dégradation de leurs conditions de travail sous l’effet de réductions budgétaires et de l’influence croissante des logiques de gestion et de rentabilité. C'est comme si, ils se disaient, dans ce cas qu'à autant travailler pour un employeur où la question de la rentabilité est centrale car elle sous-tend la question de la pérennité de l'entreprise. D'autres recherchent avant tout un regain de sens dans leur travail, des défis professionnels et une meilleure reconnaissance notamment en raison d’une rémunération jugée insuffisante par rapport à ce qu’ils estiment pouvoir percevoir dans le privé.. Enfin, pour les cadres contractuels, c'est la recherche de stabilité dans leur emploi qui les motive à passer dans le privé,
Comment se passe la transition du public au privé ?
Aller voir si le "l'herbe est plus verte ailleurs" n'est pas toujours facile. La plupart des cadres mènent leur recherche d’emploi en grande partie seuls, faute d’avoir pu identifier des dispositifs ou des acteurs institutionnels pour les accompagner. Ils ont souvent recours à l’aide informelle de proches et activent leur réseau de contacts, comme d’anciens collègues ayant effectué cette mobilité professionnelle avant eux. Quand ils ne sont pas « chassés » par des cabinets de recrutement, la plupart de ces cadres entament des démarches classiques de recherche d’emploi, consultent des jobs boards ou les réseaux sociaux, et se renseignent sur le secteur ou métier visé dans le privé. Les cadres n’ayant pas d’expérience préalable dans le secteur privé, sont parfois en manque de repères et de codes pour mieux appréhender les spécificités et les attentes de ce secteur, dans ce cas leur réseau devient primordial. Les entreprises qui ont parfois des reflexe de clonage en pensant limiter les risques d'erreur de recrutement peuvent écarter spontanément ces profils au lieu d'avoir une sélection basée sur les compétences.
Quelle satisfaction après un passage du public au privé ?
La transition professionnelle vers le secteur privé répond aux attentes des cadres en matière de stabilité quand ils ont un CDI et de perspectives de carrière, notamment pour les ex-contractuels de la fonction publique. Elle leur apporte aussi la stimulation professionnelle et la reconnaissance qu’ils recherchaient en projetant un système de rémunération plus juste même si les cadres du privé reprochent aussi aux aux entreprises un manque de reconnaissance de leurs compétences et de transparence sur les salaires. S’intégrer au secteur privé implique de mettre ses compétences en œuvre dans un environnement de s’adapter à des règles et des normes différentes de celles du public, que les cadres doivent découvrir ou réapprendre. Cette transition peu demander du temps et il est aussi possible aux candidats comme aux recruteurs d'avoir une compréhension approfondie de leurs attentes mutuelles. Avec Odiapazon, un outil digital avec lequel ils peuvent préparer un entretien de recrutement et formuler des questions qui vont au-delà des compétences techniques. Odiapazon leur permet d'explorer les sujets liés à l'autonomie et au style managérial, à l'environnement et à la culture de travail, au rapport au collectif et au changement ainsi qu'à l'attachement aux finalités. Pour résumé, un outil qui met les candidats et les entreprises sur la même longueur d'onde.
Article rédigé par Emmanuelle Papiernik
Source : Apec, Mobilités des cadres du public vers le privé, décembre 2025
Les cadres du secteur public : de qui parle-t-on ?
La population des cadres du public peut être estimée de 2 manières :
- Soit en retenant la catégorie A qui est composée des agents et des contractuels exerçant des emplois de conception, d’encadrement, de direction ou d’expertise (2,2 millions représentant 39 % des effectifs de la fonction publique),
- Soit en s’appuyant sur les professions cadres au sens de l’Insee travaillant dans le secteur public (1,2 million, 21 % des effectifs du secteur public).

La part des cadres qui décident de quitter le public est faible, mais en légère progression.