Faire toute la lumière sur les salaires, nouvel enjeu RH pour les entreprises

Faire toute la lumière sur les salaires, nouvel enjeu RH pour les entreprises

Publié le 19/11/2025

En quoi la transposition en droit français de la directive européenne sur la transparence des salaires d’ici à juin 2026 va-t-elle avoir un impact sur les politiques de rémunération des entreprises et sur leur attractivité en tant qu’employeurs. Une étude de l’Apec apporte des éléments de réponse.

Où en sont les entreprises dans leurs pratiques salariales ?

En France, parler « salaires » a toujours été un sujet tabou. Même si la génération Z a commencé à le remettre un peu en cause. Nul doute que cette directive va venir bousculer une culture bien ancrée dans les pratiques RH.  Pour les entreprises, il reste donc du chemin à parcourir afin de se préparer à plus de transparence salariale et à changer leurs pratiques en la matière. Par exemple, seules 46 % précisent systématiquement le salaire proposé dans leurs offres d’emploi et les deux tiers ne donnent pas accès aux grilles salariales à l’ensemble de leurs collaborateurs et collaboratrices. D’ailleurs, les trois quarts des entreprises n’ont pas encore commencé à se mettre en conformité et la moitié des PME déclarent même ne jamais en avoir entendu parler !

La transparence des salaires : quels enjeux pour les entreprises ?

Les entreprises françaises identifient d’ores et déjà des défis RH à relever concernant la transparence salariale. La mise en place des obligations liées à la directive pourrait représenter un investissement lourd, en temps et en ressources financières : analyse des données salariales, révision des classifications, etc. L’objectivation des critères de fixation des rémunérations et des augmentations paraît particulièrement délicate et suscite beaucoup d’interrogations parmi les RH et les managers. Les managers estiment aussi que la transparence salariale pourrait détériorer le climat social et 62 % d’entre eux redoutent des conflits dans leur équipe. Enfin, la mention du salaire dans les offres d’emploi et les processus de recrutement pourrait faire bouger les lignes en matière d’attractivité des entreprises. Les entreprises, notamment les TPE-PME, doivent donc se saisir sans attendre de ce dossier afin de répondre aux nouvelles exigences en matière de transparence salariale. 

Demande salaire précédent actuel.png

Que peut l’Apec pour les entreprises ?

L’Apec met à la disposition des entreprises sur son site Internet un simulateur pour évaluer la rémunération à proposer lors des recrutements et les incite déjà à publier le salaire en même temps que l’offre d’emploi, une offre dont le salaire est renseigné attirant plus de candidatures. 

L’Apec propose aussi le web atelier « Transparence des rémunérations : anticipez, sécurisez, valorisez ! » afin de transformez ces nouvelles obligations en levier d’attractivité RH. 

Source : Apec, Transparence salariale, novembre 2025


Qu'est-ce que la transparence salariale : les nouvelles obligations des entreprises

L’Union européenne a adopté en mai 2023 une directive visant à renforcer les obligations de transparence salariale dans les entreprises afin de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Ce nouveau cadre réglementaire constitue un tournant pour les organisations et les invite à repenser leur approche des rémunérations. Cette directive, qui doit être transposée d’ici à juin 2026 en droit français, obligera les entreprises à communiquer de façon plus transparente :
-    Sur leur politique salariale, avec l’obligation de faire connaître à leurs salariés les critères précis et objectifs de rémunération et d’évolution des salaires de l’entreprise ;
-    Sur le positionnement salarial au sein de l’entreprise, avec le droit pour les salariés de demander et de recevoir des informations sur les niveaux de rémunération de leurs collègues occupant un travail « de valeur égale » dans l’entreprise. Les entreprises de plus de 100 salariés devront également publier des salaires moyens/médians ventilés par sexe et par type de poste. Si les écarts de salaire entre les hommes et les femmes sont supérieurs à 5 % et non justifiables, elles devront prendre des mesures correctives ;
-    Lors d’un recrutement, avec l’obligation de publier un salaire ou une fourchette de salaires dans les offres d’emploi et l’interdiction de demander leur salaire précédent aux candidats et candidates.