La conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle est plus difficile pour les femmes cadres
La charge domestique est nettement plus élevée chez les femmes cadres que chez les hommes.
Les journées ne faisant que 24 heures, cela n’est pas sans conséquence sur les plus grandes difficultés des femmes cadres à concilier vie pro et vie perso. Elles sont la moitié à faire état de ces difficultés, 11 points de plus que leurs homologues masculins. Il est aussi intéressant de noter que les écarts de perception des hommes et des femmes sur les charges domestiques sont importants. Ainsi, seules quatre femmes sur dix déclarent que la gestion des charges domestiques est prise en charge de façon égale dans leur couple alors que six hommes sur dix le pensent.
Les temps de vie sont plus en concurrence chez les femmes entraînant des concessions plus importantes sur le plan personnel et des impacts psychologiques
Ainsi, 64 % des femmes cadres, + 10 points que les hommes, ont le sentiment de faire passer souvent ou de temps en temps leur vie professionnelle avant leur vie personnelle, ce taux monte à 76 % pour les femmes managers. En raison de contraintes professionnelles, les femmes cadres sont 28 % à souvent renoncer à faire du sport,à sortir avec des amies ou à avoir des loisirs contre 16% pour les hommes ; mêmes constat concernant le renoncement à une bonne hygiène de vie (s’alimenter moins bien, ne pas dormir suffisamment). Plus marquant encore, elles sont 18 % à souvent renoncer ou repousser des rendez-vous médicaux.
Une précédente étude de l’Apec pointait un sentiment de surinvestissement professionnel chez les femmes. 66 % d’entre elles déclaraient ressentir une charge de travail insurmontable (vs 49% des hommes cadres) et 62 % un niveau de stress intense (vs 50 % des hommes cadres), voire de l’épuisement professionnel pour 58 % d’entre elles (vs 51 % des hommes cadres).
Pas étonnant alors que 82 % des femmes cadres, 9 points de plus que les hommes cadres, indiquent que les difficultés à concilier vie pro et vie perso affectent leur santé psychologique.
Le télétravail constitue une première réponse mais d’autres avancées sont attendues
Trois quarts des cadres bénéficiant du télétravail indiquent que celui-ci facilite la conciliation entre leurs vies personnelle et professionnelle. Les femmes en sont davantage convaincues (79 %) et elles sont plus susceptibles que les hommes de profiter de tous les jours de télétravail auxquels elles ont droit (73 % versus 59 %). A noter cependant que 45 % des femmes cadres, contre 34 % d’hommes, utilisent régulièrement le télétravail pour travailler encore plus !
Mais au-delà du télétravail, les hommes comme les femmes cadres estiment que pour améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie professionnelle, il faudrait davantage de flexibilité dans l’organisation et le temps de travail.
Un meilleur équilibre vie pro-vie perso favoriserait l'égalité professionnelle
La grande majorité des cadres (80 %), et en particulier les femmes (85 %), estiment qu’agir pour concilier vies personnelle et professionnelle contribue à réduire les inégalités envers les femmes dans le monde du travail. Cela bénéficierait aux carrières des femmes mais aussi à celle des hommes cadres qui sont, eux aussi, nombreux à avoir déjà refusé une évolution professionnelle pour préserver leur équilibre vie personnelle-vie professionnelle. Un phénomène aujourd’hui sûrement plus prégnant chez les hommes qu’il y a trente ans et qui révèle une évolution de la société.
Pour autant, deux axes paraissent plus prioritaires pour lutter contre les inégalités : la mentalité des managers et des dirigeants mais surtout, les niveaux de rémunération. Il n’est pas inutile de rappeler que les femmes cadres gagnent 8% de moins que les hommes cadres, à profil et poste équivalents. Ce taux ne se réduit pas depuis la 1ère mesure réalisée en 2014 par l’Apec. Certaines discriminations ont la vie dure.
Emmanuelle Papiernik
Source : Apec, Conciliation vie personnelle – vie professionnelle, février 2023