Jeunes des QPV : le mentorat pour rétablir l’égalité des chances
Les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville éprouvent des difficultés non seulement pour parvenir aux diplômes du supérieur, mais aussi pour accéder à un emploi de cadre. Un accompagnement spécifique, et plus particulièrement le mentorat, semble profitable à leur insertion et à leur évolution professionnelle.
Une conjonction de facteurs s’imbrique et entrave le parcours des jeunes des QPV
Ces jeunes sont victimes d’une discrimination croisée avec une forte composante ethnoraciale liée à la surreprésentation des personnes immigrées ou issues de l'immigration. Ils subissent aussi une stigmatisation basée sur des préjugés liés aux quartiers (manque d’infrastructures, faible capital culturel, codes différents) qui est intériorisée et source d’un phénomène d’auto-censure. Ils pâtissent également de la faiblesse de leur réseau relationnel personnel et professionnel.
Un accompagnement personnalisé jugé nécessaire
Par simple méconnaissance ou défiance, de nombreux jeunes des QPV ne mobilisent pas toutes les ressources dont ils pourraient bénéficier pour leur insertion professionnelle. Pour expliquer ce manque d’intérêt, certains évoquent une première expérience d’accompagnement décevante ou infructueuse car trop basique et générique, peu adaptée à leurs besoins spécifiques. Le recours à l’accompagnement leur semble pourtant rétrospectivement nécessaire, surtout en amont de leur recherche d’emploi.
Les effets bénéfiques d’un accompagnement spécifique
Ils expriment des attentes sur une aide à l’information et l’orientation durant l’intégralité de leur parcours, afin d’anticiper les difficultés dans l’accès aux études supérieures et faciliter leur insertion professionnelle. L’effet positif de l’accompagnement est souligné par ceux qui ont pu bénéficier d’une personnalisation de l’aide reçue, centrée sur la valorisation de leurs expériences et atouts ainsi que sur le dépassement des obstacles rencontrés (offres d’emplois ciblées, ouverture à d’autres postes, stratégies de lutte contre la stigmatisation, etc.). L’accompagnement est aussi attendu sur certaines manques (« savoir être » en entreprise, construction et mobilisation d’un réseau, etc.). Certains rappellent aussi le bénéfice psychologique ressenti. La confiance apportée permet de ne pas se retrouver isolé et découragé, de se remobiliser et de dépasser le phénomène d’autocensure.
Un accompagnement individuel : le mentorat
Le mentorat (ou le tutorat) est identifié comme un accompagnement particulièrement bénéfique quand il est opéré par une structure professionnelle encadrante, généralement des associations. Lorsque le mentor est très impliqué, la relation interpersonnelle d’accompagnement et de soutien favorise l’autonomie et le développement à travers des objectifs qui évoluent et s’adaptent en fonction de des besoins et des profils spécifiques des personnes accompagnées.
Le mentor comme modèle
D’un point de vue psychologique, le mentorat comporte une valeur aspirationnelle importante car il offre un modèle de réussite identificatoire. En confrontant ces jeunes à la concrétisation de projets semblables aux leurs, le mentorat semble être un vecteur de légitimation de leurs propres ambitions. D’un point de vue pratique, pour les jeunes mentorés, il favorise l’acquisition de connaissances, mais aussi de bonnes pratiques favorisant leur employabilité. Il peut par ailleurs permettre la mise en relation avec des employeurs et plus largement aider à la constitution d’un réseau professionnel. Pertinent lors de l’ensemble des moments clés de la carrière de ces jeunes, sa pertinence est aussi affirmée durant le parcours académique ou dans l’optique de nouvelles perspectives professionnelles comme un projet d’entrepreneuriat, réorientation ou d’expatriation.
Source : Apec, Diplômés du supérieur issus des QPV, novembre 2023