Une carrière dans l’ESS, et pourquoi pas ?

Une carrière dans l’ESS, et pourquoi pas ?

Publié le 13/11/2024

Crise écologique, incertitude économique, tensions géopolitiques… ces bouleversements vous amènent au quotidien à vous interroger sur vos choix professionnels ? L'économie sociale et solidaire est peut-être une voie à envisager. Actuellement, 300 000 cadres travaillent dans ce secteur en expansion, qui allie impact social, environnemental et réalisation de soi. Si vous cherchez une transition professionnelle significative, explorez les opportunités de l'ESS, c’est peut-être la prochaine étape de votre carrière !

Un secteur porteur de sens

Difficile de parler de « l'économie sociale et solidaire » en général, tant la notion recouvre des réalités et des activités différentes. Si l’on pense spontanément au champ de la santé et de l’action sociale, qui représentent en effet 94 % des offres d’emplois de l’ESS, d’autres métiers sont en réalité concernés, au sein du secteur banques et assurances, mais aussi dans la culture, la transition écologique, le commerce, l’industrie ou la construction. 

Cette diversité se retrouve également dans les statuts, puisque l’ESS rassemble à la fois des associations, des fondations, des coopératives, des mutuelles, et même de façon encore très minoritaire des sociétés commerciales non coopératives.

Pourtant, au-delà de leurs différences, toutes ces structures ont un point commun : leurs activités sont porteuses de sens, et visent à avoir un impact positif dans le champ environnemental, social ou sociétal. Quels que soient leur modèle économique, leur taille ou leur secteur d’activité, leur priorité est d’œuvrer pour l’intérêt général ou collectif, qu’il s’agisse de produire une agriculture durable, développer les mobilités douces, ou encore favoriser l’insertion de personnes éloignées de l’emploi. Ce qui ne veut pas dire que les structures de l’ESS en oublient leur développement ! Mais la recherche de bénéfices n’est pas un but en soi, et ne justifie pas leur projet d’entreprise.

Alors, aux yeux de salariées et salariés qui ne se reconnaissent pas ou plus dans les logiques du « tout profit » de certaines entreprises, l’ESS peut faire figure d’eldorado, et représente en tout cas une promesse séduisante : celle d’exercer un travail qui a du sens. Un argument décisif pour tous ceux et toutes celles qui se demandent à quoi servent leurs efforts professionnels, qui exercent des bullshit jobs, et qui souffrent d’un sentiment d’absurdité prenant différentes formes – ressentéisme, quiet quitting, bore-out, etc. 

Mais la finalité d’une entreprise, aussi noble et altruiste soit-elle, suffit-elle vraiment à redonner du sens à sa vie professionnelle ? Pour Thibault Ronsin, DRH Groupe chez Groupe SOS, principal groupe d’économie sociale et solidaire en Europe, le sens au travail doit en réalité se décliner à trois niveaux : « Le sens est donné bien sûr par l’entreprise, sa finalité, ses valeurs, son impact, mais aussi, à un deuxième niveau, par les pratiques managériales et les modes de relation au quotidien. Si mon entreprise œuvre pour de grandes causes, mais que je souffre au quotidien d’un manque de reconnaissance ou de relations toxiques dans mon équipe, par exemple, la notion de sens au travail se perd. Enfin, à un troisième niveau, il est important de trouver du sens à l’échelle individuelle, notamment dans l’intérêt que l’on porte à ses missions. »

Initier une carrière dans l’ESS : mode d’emploi

Trouver du sens c’est bien, mais trouver un emploi, c’est encore mieux ! Et cela tombe bien, car l’ESS offre les deux. Au premier semestre 2023, 13 500 offres d’emploi cadres dans l’ESS ont été publiées sur apec.fr – contre 9 800 à la même période en 2019. Une chose est donc sûre : les besoins de cadres dans l’ESS augmentent, et même davantage que dans le reste de l’économie. Le secteur des services concentre la quasi-totalité des opportunités d’emploi (94 %), et le secteur de la santé et de l’action sociale rafle la mise avec plus d’un tiers des offres d’emploi. Si vous faites partie des cadres tenté·es par l’aventure sociale et solidaire, l’ESS est donc prête à vous accueillir. À condition de respecter quelques grands principes. 

Mûrir son projet professionnel

Tout d’abord, avant de dégainer CV et lettres de motivation, prenez bien le temps de mûrir votre projet : un ou une consultante Apec peut vous y aider dans le cadre d’un CEP (conseil en évolution professionnelle). Car l’on se tourne parfois vers l’ESS pour de mauvaises raisons, comme l’explique Thibault Ronsin : « Certaines candidates et certains candidats postulent au Groupe SOS parce que, nous disent-ils, “le secteur de l’ESS les intéresse, ou qu’ils recherchent “du sens””. Mais c’est une motivation trop large et trop floue. L’ESS, ce n’est pas un projet ni un métier. Avant de candidater et de penser “secteur”, il est important d’être au clair sur ce que l’on sait faire et sur ses aspirations en termes de métier et de compétences ». Une approche pragmatique, qui permet de faire le point sur soi et sur les expertises que l’on peut apporter ou que l’on souhaite développer.

Savoir valoriser ses expériences

Au moment de postuler, mettez en avant les éléments qui pourront faire la différence aux yeux des recruteurs : un projet professionnel clair, vos compétences clés, et, bien sûr, vos engagements sociaux ou environnementaux, qui garantiront un alignement de valeur avec l’entreprise visée. Même si, pour Thibault Ronsin, ce dernier point ne doit pas être bloquant : « Un engagement dans une association ou du bénévolat sera bien sûr toujours un plus dans une candidature pour un métier de l’ESS. Mais ce n’est pas un critère discriminant. D’abord, parce que nous souhaitons cultiver la différence au sein de nos équipes – si tout le monde pense pareil, ce n’est ni intéressant ni efficace. Ensuite parce qu’avant de chercher des gens “surengagés”, nous cherchons des professionnels et professionnelles expérimenté·es, compétent·es dans leur métier, capables d’apporter de l’impact et pas uniquement de la motivation. ».

 

Le message est clair : restez vous-même, et ne pensez pas que les portes de l’ESS vous sont fermées parce que votre sensibilité ou vos engagements ne sont pas encore mis en pratique ! Parmi les très nombreux postes à pourvoir sur le marché de l’emploi de l’ESS, l’un d’entre eux est sûrement fait pour vous. Lancez-vous !

 


À propos de Thibault Ronsin, DRH du Groupe SOS

Membre du comex, Thibault Ronsin porte la stratégie RH du Groupe SOS, anime le réseau fonctionnel RH et dirige les équipes RH mutualisées, au service des 8 secteurs d’activité - de la petite enfance aux seniors - et des 22 000 salarié·es du Groupe. Diplômé de l’IGS Paris, fort d’un parcours en France et à l’international dans le champ de la solidarité internationale, il a assuré des fonctions de management opérationnel, de projets et de ressources humaines. 
Thibault Ronsin est également co-directeur du DU Business Management – Parcours Entrepreneuriat social de l’université Paris Dauphine - PSL.


 

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