Missions principales
Définition et conduite du projet d’établissement
- Construire un projet d’établissement dans le prolongement de la stratégie et de la dynamique de développement, impulsées par la structure gestionnaire le cas échéant.
- Définir une stratégie commerciale en fonction du secteur économique concerné et des besoins potentiels des clients visés.
- Identifier les moyens techniques de mise en œuvre du projet adaptés aux profils et types de handicap des personnes accompagnées.
- Veiller à la bonne coordination globale des missions relevant de l’activité économique d’une part, et de l’accompagnement socio-éducatif des personnes en situation de handicap d’autre part.
- Coordonner le suivi, l’évaluation et l’évolution du projet d’établissement visant à sa pérennisation.
Supervision de l’activité productive de l’entreprise
- Organiser les ateliers de production et superviser les objectifs des chefs et moniteurs d’ateliers.
- Anticiper la charge de travail de chacun et planifier les activités quotidiennes.
- Optimiser la fabrication ou la prestation de service en termes de coûts, de délais, de qualité et quantité.
- S’assurer de l’adaptation des postes de travail aux personnes accompagnées en situation de handicap.
- Établir régulièrement des tableaux de bord et bilans de l’activité commerciale.
Suivi de l’accompagnement socio-éducatif des personnes accueillies
- Organiser la prise en charge de la personne en situation de handicap et l’orienter vers un poste professionnel adapté à son profil et à ses compétences, en collaboration avec l’ARS et les CDAPH.
- Garantir la qualité de l’accompagnement de la personne en supervisant la mise en œuvre de son projet personnalisé professionnel et médico-social auprès des chefs de service éducatifs.
- Identifier et répondre aux besoins de formation dans une logique d’amélioration constante des compétences des personnes accueillies.
- Superviser l’évaluation et le suivi de l’évolution de chaque travailleur en situation de handicap et envisager une politique d’insertion en milieu professionnel ordinaire le cas échéant.
- Accueillir, informer et gérer les relations avec les familles des personnes accompagnées.
Management du personnel technique, éducatif et administratif
- Recruter le personnel technique et éducatif en fonction du positionnement commercial de l’entreprise, du projet associatif de la structure et du type de public accompagné.
- Encadrer les équipes techniques (moniteurs d’atelier) et éducatives (chefs de service) et entretenir leur bonne collaboration.
- Assurer et/ou superviser la gestion administrative des ressources humaines : gestion des plannings, évaluations, salaires…
- Construire et planifier la politique de formation du personnel technique et éducatif.
Gestion réglementaire et budgétaire de l’établissement
- Assurer et/ou superviser la gestion financière de la structure : budgets d’exploitation, investissements, analyse des coûts, suivi des recettes et dépenses…
- Gérer la tarification de l’établissement avec les autorités institutionnelles, principalement les ARS et les organismes de tutelles.
- Suivre les évolutions législatives du secteur sanitaire et social, du travail protégé et de l’accompagnement des personnes en situation de handicap.
- Mettre en œuvre et veiller à l’application des procédures de qualité, normes d’hygiène et de sécurité.
- Superviser la maintenance de la structure (installations, matériel, etc.).
- Mettre en œuvre la démarche d’évaluation de la structure.
Développement commercial et prospection
- Mener des actions de veille stratégique, commerciale et technologique.
- Fixer et adapter le prix des produits ou services en fonction des évolutions du marché.
- Mettre en œuvre une politique de communication commerciale dynamique : site Internet, mailing, livret de présentation, flyer…
- Développer les marchés et identifier de nouvelles cibles de clients potentiels : entreprises, collectivités territoriales, particuliers, etc.
- Fidéliser la clientèle en entretenant la qualité des relations.
Partenariats associatifs et projets transversaux
- Travailler en relation étroite et régulière avec les partenaires médico-sociaux : médecins spécialisés, kinésithérapeutes, ergothérapeutes…
- Développer et animer un réseau partenarial au sein du secteur du handicap et de l’aide par le travail.
- Contribuer à la médiatisation des ESAT et à la réflexion stratégique sur leur évolution.
- S’impliquer au sein des instances directives de l’association gestionnaire le cas échéant : conseil d’administration, réunions, politique associative, projets communs, animations...
Variabilité des missions
Les activités du directeur d’ESAT peuvent varier selon…
L’organisation de la structure :
- Lorsque l’ESAT est indépendant, le directeur n’a pas de supérieur hiérarchique et est autonome dans la définition et la mise en œuvre de son projet d’établissement sur le plan socio-éducatif comme commercial.
- Lorsque l’ESAT dépend d’une structure gestionnaire, le directeur doit suivre et s’adapter aux prérogatives globales de l’association ou de l’établissement référent. Il exerce sous l’autorité d’un président d’association ou d’un directeur d’établissement. Il peut participer au conseil d’administration et définir, avec l’ensemble des autres membres de la direction, les objectifs à suivre. Deux cas de figures se présentent néanmoins : lorsqu’il n’y a qu’un seul ESAT dans l’association, le directeur construit avec sa direction le projet socio-éducatif de l’établissement mais reste relativement autonome sur l’organisation de l’activité commerciale de la structure. À l’inverse, lorsque l’association gestionnaire regroupe plusieurs ESAT, ceux-ci peuvent collaborer sur le plan socio-éducatif et commercial. Les échanges théoriques et pratiques (partage de personnel administratif, dépenses communes, mutualisation d’outils…) entre les ESAT sont en cela particulièrement riches.
La taille de la structure :
Le périmètre du poste de directeur d’ESAT va fluctuer directement en fonction de la taille de l’établissement. Dans une petite structure de moins de 25 salariés, ses missions seront très diversifiées, assumant tantôt le rôle du manager, du chef de service, du comptable, voire même du chef d’atelier. Sa proximité avec les équipes n’en est que développée. Dans un établissement accueillant davantage de personnes en situation de handicap et nécessitant une organisation plus hiérarchisée, nombre de ses missions seront déléguées afin qu’il puisse superviser et piloter les aspects productifs et socio-éducatifs dans leur ensemble.
Le type d’activités :
- Même s’ils partagent des missions communes, le quotidien d’un directeur d’usine n’est pas le même que celui d’un chef d’entreprise en service à la personne, ou d’un responsable de restauration collective… C’est la même chose pour le directeur d’ESAT, qui verra varier ses missions en fonction de l’activité même de l’établissement, de la production industrielle aux services. Les objectifs commerciaux, le personnel encadrant, les clients et les outils nécessiteront une adaptation de sa part en termes de direction.
- Une majorité d’ESAT fonctionne aujourd’hui sur un mode d’activité « intégré », consistant en de la production et des services en interne dans l’entreprise. Néanmoins, les années 2000 ont vu l’émergence d’ESAT « hors murs » (détachement et coordination de travailleurs en situation de handicap sur des activités spécifiques en entreprise ordinaire) dont les services ne cessent de se développer. Ces deux types d’activités engageront inévitablement une ligne directive et une organisation de l’établissement fort distinctes en termes d’accompagnement des personnes comme de communication avec les clients.
Rattachement hiérarchique
Selon le type de structure :
- Président de l’association
- Directeur de pôle
Contexte et facteurs d’évolution du métier
Les ESAT (Établissements et services d’aide par le travail), autrefois connus sous la dénomination CAT (Centres d’aide par le travail), sont les principaux établissements médico-sociaux accessibles aux personnes en situation de handicap qui souhaitent travailler mais ne présentent pas, provisoirement ou définitivement, une autonomie suffisante pour exercer en milieu ordinaire.
Il existe en parallèle des EA (Entreprises adaptées) qui s’apparentent davantage aux entreprises ordinaires, avec la spécificité d’employer une majorité de travailleurs en situation de handicap. Les ESAT n’emploient quant à eux que des personnes en situation de handicap, et les accompagnent au-delà du seul travail, grâce à un suivi médico-social assuré par un personnel dédié. La personne accueillie en ESAT, orientée par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH), s’engage en effet avec l’établissement dans un projet global, professionnel et socio-éducatif, de soutien et d’aide par le travail.
À la différence des EA au périmètre plus large, les ESAT se concentrent généralement sur certains types d’activités accessibles et adaptées à l’emploi de personnes en situation de handicap : conditionnement, entretien d’espaces verts, nettoyage de locaux, mise sous pli, production industrielle, blanchisserie, restauration collective… même si ceux-ci tendent à se diversifier.
Les ESAT ont en effet vu leur développement renforcé et accompagné grâce à la loi de février 2005 sur l’autonomie et l’emploi des personnes handicapées. L’ESAT est désormais un établissement médico-social comme les autres, avec ses spécificités. Il est la plupart du temps géré par une association privée à but non lucratif, même si son nombre de personnes accueillies et son budget sont fixés et contrôlés par les Agences régionales de santé. Les « patients » de l’établissement constituent également sa force productive. Pour autant, les travailleurs restent « usagers » et non « salariés ». Les dispositions du Code du travail ne s’appliquent en effet pas aux travailleurs en situation de handicap des ESAT, sauf celles concernant la sécurité et la médecine du travail. Une évolution de la jurisprudence intervenue en mars 2015 revendique toutefois la reconnaissance des travailleurs en ESAT et pourrait conduire prochainement à une requalification de leurs missions en salariat.
À la croisée des chemins entre le productif et l’éducatif, les ESAT ne sont indéniablement pas des structures comme les autres à gérer pour un directeur. La double nature de l’activité implique pour lui une certaine aptitude à concilier au quotidien les exigences de production/commercialisation et les activités d’accompagnement social. Entrepreneur certes, mais « entrepreneur du médico-social », il exerce ainsi à la tête d’une structure où la notion de productivité doit rester secondaire derrière l’épanouissement et l’intégration sociale. Le contexte sociétal actuel, animé par l’éthique et les considérations RSE, pourra faire évoluer à l’avenir le rôle grandissant des ESAT et les missions de ceux qui les pilotent.