“L’intérim est un tremplin vers l’emploi cadre pour les jeunes diplômés”, Frank Ribuot, président France du groupe Randstad

Publié le 21/02/2023

Peut-on être à la fois cadre et intérimaire ? La réponse est oui ! Longtemps cantonné à certains secteurs très spécifiques comme le bâtiment, perçu comme un emploi éphémère, l’intérim s’invite depuis plusieurs années dans de nombreux métiers, au point de concerner également les cadres, jeunes et moins jeunes. Frank Ribuot, président du groupe Randstad France, nous explique en quoi l’intérim constitue une excellente opportunité pour les jeunes diplômé·e·s.

36 % des jeunes intérimaires sont embauché·es en CDI par l’entreprise cliente après la mission d’intérim. Comment expliquez-vous ce niveau, qui bat en brèche l’idée communément répandue d’un contrat précaire et éphémère ?

Frank Ribuot : Effectivement, chez Randstad, plus d’un tiers de nos intérimaires en France partent en CDI chez nos clients. C’est un chiffre important, mais qui n’a finalement rien d’étonnant. Comme l’apprentissage et l’alternance, l’intérim est un tremplin vers l’emploi. Il permet à un très grand nombre de jeunes de se former à un métier, de prendre leurs marques dans un environnement et de s’intégrer à une équipe. Si les choses se passent bien, l’entreprise a tout intérêt à recruter ce collaborateur ou cette collaboratrice de manière pérenne. L’intérimaire a lui aussi tout à gagner à rester dans un cadre professionnel qu’il a déjà testé et approuvé ! 

Pourquoi les entreprises ont-elles recours à l’intérim pour des missions de cadre ?

Pendant longtemps, l’intérim a été associé aux jobs d’étudiants, aux métiers manuels ou à ceux de la restauration et du tourisme. Aujourd’hui, les choses ont changé, et les entreprises recherchent de plus en plus d’intérimaires pour des missions de cadre. Avoir recours à l’intérim et au management de transition, permet aux entreprises de tester une collaboration avant de s’engager sur un contrat de plus longue durée. C’est donc un statut qui rassure et qui sécurise l’entreprise. Par ailleurs, l’intérimaire n’est pas un électron libre, il est rattaché à une agence d’emploi, qui l’accompagne et accompagne l’entreprise tout au long de la mission : au moment de l’identification des besoins, dans la mise en contact avec une ou un candidat, pendant la mission, et dans la gestion de l’« après » si le ou la collaboratrice n’est pas embauchée. C’est donc un service global d’« agent » dont bénéficie l’entreprise et le cadre avec le statut d’intérimaire.

Où y a-t-il le plus de missions d'intérim pour les cadres ? 

Les entreprises ont tendance à se tourner vers l’intérim pour des emplois cadres lorsqu’elles évoluent dans un contexte de fort changement ou d’incertitude. On parle alors de management de transition. Les postes liés au change management, aux ressources humaines, aux achats ou à l’IT sont de grands pourvoyeurs de missions en intérim pour les cadres. Les secteurs qui vivent de fortes transformations technologiques, comme l’industrie et son évolution vers les usines 4.0 par exemple, sont aussi particulièrement concernés. Sur les métiers en tension, comme ceux du secteur de la santé, de la data, de la cybersécurité ou de l’ingénierie, les candidats et candidates sont nombreux à privilégier la flexibilité et le nomadisme professionnel. Leur prise de risque étant limitée, ils préfèrent multiplier les missions plutôt que de se fixer en entreprise. L’intérim est alors tout adapté pour explorer son environnement professionnel.

Pourquoi l’intérim doit-il être perçu comme une opportunité par les jeunes diplômé·e·s ? Quels sont les avantages de ce statut ? 

L’intérim a le grand avantage d’apporter à la fois de la sécurité et de la flexibilité. De la sécurité, parce qu’après le CDI, c’est le statut professionnel le plus protecteur en France. De la flexibilité, parce qu’il permet de tester différents secteurs ou métiers, et d’acquérir une grande diversité d’expériences. Pour les jeunes diplômé·e·s qui ne savent pas forcément quelle direction prendre à la fin de leurs études, c’est donc une excellente option. Par ailleurs, le statut d’intérimaire donne accès à de nombreuses formations : grâce à un budget dédié à la formation deux fois supérieur à la moyenne des entreprises, nous formons nos intérimaires entre leurs missions, et leur permettons ainsi une rapide montée en compétence. 

Que diriez-vous à un ou une jeune diplômée qui n’est toujours pas convaincue ? 

D’abord, apprenez à vous connaître, et utilisez l’intérim pour identifier vos forces et vos faiblesses. Les multiples expériences qu’offre l’intérim peuvent vraiment aider à savoir qui l’on est, ce que l’on cherche, et ce qui nous rend heureux au travail. Ensuite, travaillez sur votre réseau ! Là encore, l’intérim est un atout, puisqu’il donne accès à un réseau très large, qu’il faut apprendre à entretenir et à faire grandir. Et enfin, pensez à vous structurer, à vous sécuriser. Pensez au futur ! Il est important de réfléchir très tôt aux questions de retraite, de protection sociale, de prévoyance, et de choisir des statuts qui protègent. L’intérim est en mesure de donner ce cadre protecteur, et d’accompagner les professionnels à toutes les étapes de leur carrière.

 

À propos de Frank Ribuot

Diplômé de Kedge Business School, Frank Ribuot a bâti sa carrière dans le domaine des ressources humaines et a passé plus de trente ans à l’étranger. Après de nombreux postes à responsabilité sur toute la zone Asie Pacifique, c’est en 2006 qu’il intègre le groupe Randstad, leader mondial des services en ressources humaines, en tant que Président en charge des activités en Australie, Nouvelle Zélande, Asie du Sud-Est et Inde. Il est, depuis 2020, Président du groupe Randstad France.

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